Onze grandes banques américaines ont choisi jeudi de venir ensemble à la rescousse de l’établissement en difficulté First Republic et éviter ainsi qu’il ne devienne le prochain domino à tomber après trois faillites d’affilée. Elles se sont engagées à verser au total 30 milliards de dollars de dépôts dans First Republic. C’est le signe, selon elles, de leur «confiance dans le système bancaire» du pays, indique un communiqué commun.
Cette action a été saluée par les autorités américaines, le ministère de l’Economie, la banque centrale (Fed) et deux régulateurs financiers estimant dans un communiqué séparé qu’elle «démontre la résilience» du système bancaire. Ces entités se démènent depuis le week-end pour rassurer les marchés et particuliers sur la situation des banques. La Fed a précisé jeudi avoir prêté près de 12 milliards de dollars aux banques américaines depuis dimanche afin qu’elles aient les fonds nécessaires pour honorer les demandes de retraits de leurs clients.
First Republic, 14e banque américaine par la taille des actifs, était sur la sellette depuis plusieurs jours après les défaillances rapprochées de Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate, car elle sert principalement une clientèle fortunée.
Une chute vertigineuse, puis un rebond
Investisseurs et analystes craignaient que nombre de clients préfèrent déplacer leur argent dans des établissements ne présentant a priori aucun risque de faillite car trop importants pour que les régulateurs les laissent fermer, et que First Republic doive à son tour être liquidée. Une perspective peu réjouissante pour la confiance dans le système bancaire dans son ensemble.
Les grandes banques ont donc décidé d’agir de concert. «Le système bancaire dispose d’un crédit solide, de liquidités abondantes, d’un capital important et d’une forte rentabilité. Les événements récents n’ont rien changé à cette situation», affirment-elles dans leur communiqué commun.
La journée avait mal débuté jeudi pour First Republic: après avoir déjà perdu 73% en une semaine, l’action a perdu jusqu’à 36% après un article de l’agence Bloomberg affirmant que la banque explorait des «options stratégiques» pour son avenir, y compris une possible vente. Le titre s’est toutefois redressé au fur et à mesure que des rumeurs apparaissaient sur une possible intervention commune des grandes banques. Il a terminé en hausse de 12%.
Il est prévu que Bank of America, Citigroup, JPMorgan Chase et Wells Fargo, les quatre plus grandes banques du pays par la taille des actifs, apportent, chacune, cinq milliards de dollars. Les banques d’affaires Goldman Sachs et Morgan Stanley doivent verser 2,5 milliards chacune tandis que BNY Mellon, PNC Bank, State Street, Truist et U.S. Bank doivent débourser 1 milliard.
«La banque va désormais s’attacher à réduire ses emprunts»
Les dirigeants de la banque ont, dans leur propre communiqué, remercié leurs homologues. «Leur soutien collectif renforce notre position de liquidités, reflète la qualité de nos activités et constitue un vote de confiance pour First Republic et l’ensemble du système bancaire américain», écrivent Jim Herbert, fondateur et président du conseil d’administration de l’établissement, et Mike Roffler, directeur général. Le montant total des retraits quotidiens «a considérablement ralenti», affirment les dirigeants. «La banque va désormais s’attacher à réduire ses emprunts et à évaluer la composition et la taille de son bilan», ajoutent-ils.
Fondée en 1985 et basée à San Francisco, First Republic fournit des services de banque privée pour les particuliers et entreprises, et de gestion de fortune, principalement en Californie et sur la côte Est. Elle a enregistré une croissance rapide ces dernières années, passant de 22 milliards de dollars d’actifs fin 2010 à 212 milliards fin 2022.
Déjà surveillée de près depuis quelques jours, la banque avait indiqué dimanche avoir «renforcé et diversifié ses liquidités» et disposer de 70 milliards de dollars grâce à des facilités offertes par la banque centrale américaine, et à JPMorgan Chase. Insuffisant aux yeux des agences de notation S & P Global Ratings et Fitch, qui avaient abaissé mercredi la note qu’elles accordent à la dette de la société dans la catégorie des investissements spéculatifs.
Author: Ronald Dyer
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